L’incontinence urinaire est un véritable problème de société, touchant trois femmes sur cinq à partir de 50 ans. Elle est perçue comme un handicap réel, mais cela ne doit pas être une fatalité. Il existe des solutions, notamment grâce à une prise en charge précoce des jeunes mamans lorsqu’il y a des plaintes dès cette période.

Définition de l’incontinence urinaire par l’ICS (International Continence Society)

L’incontinence urinaire est définie comme une fuite involontaire d’urine par le méat urétral, constituant un problème social ou d’hygiène dont se plaint la patiente (Abrams et al., 2003). Il est important de préciser le type d’incontinence (incontinence urinaire d’effort, par urgenturie ou mixte), la fréquence, la gravité, les facteurs déclenchants, ainsi que l’impact sur la qualité de vie et la vie sociale.

Incontinence urinaire en post-partum chez la femme jeune

En post-partum, on observe chez certaines jeunes femmes :

  • Hyperactivité vésicale : 13 à 26 % des femmes.
  • Incontinence urinaire d’effort : 30 à 50 % des femmes en post-partum, avec un risque accru lié à la multiparité et à l’âge (Morkved et al.).

Il existe un risque accru d’incontinence urinaire si celle-ci survient dès les trois premiers mois de grossesse.

Facteurs de risque de persistance

L’incontinence urinaire peut être persistante en fonction de plusieurs facteurs de risque, notamment :

  • Parité,
  • IMC,
  • Âge,
  • Incontinence urinaire pendant la grossesse,
  • Accouchement par voie basse, surtout avec des manœuvres instrumentales,
  • Poids du bébé supérieur à 3,700 kg,
  • Périmètre crânien supérieur à 37 cm,
  • Expression abdominale.

L’épisiotomie ne protège ni de l’incontinence urinaire d’effort, ni du prolapsus, ni de l’incontinence anale. De même, la césarienne ne protège pas de l’incontinence urinaire comparée à l’accouchement par voie basse.

Prévention et rééducation

Le renforcement des muscles du plancher pelvien en anténatal permet de prévenir et traiter l’incontinence urinaire d’effort. Cela diminue le risque d’incontinence en fin de grossesse de 26 % (RR 0.74) et entre trois à six mois post-partum (RR 0.85). Cependant, la prévention de cette incontinence de six à douze mois reste incertaine (Cochrane Database of Systematic Reviews 2017).

Il ne faut pas oublier également le risque d’incontinence anale. La rééducation permet une nette amélioration de cette dernière, avec des études favorables à une prise en charge précoce.

Prolapsus post-accouchement

L’accouchement est l’une des premières causes de prolapsus, avec une prévalence d’un an après accouchement de :

  • 31 % pour une descente de vessie (stade 1),
  • 58 % pour une rectocèle (stade 1),
  • 88 % pour une hystérocèle (stade 1).

Il est à noter qu’environ 90 % des femmes ayant accouché présentent à 12 mois post-partum un prolapsus, mais seulement 12 % d’entre elles en ont des symptômes associés.

Incontinence chez la femme sportive

L’HAS identifie la pratique intensive d’exercice physique comme un facteur de risque spécifique d’incontinence urinaire d’effort, mais aussi de troubles de la statique pelvienne, comme le prolapsus. L’incontinence urinaire dans les activités sportives reste souvent méconnue, touchant environ 10 % de la population jeune et jusqu’à 30 % chez les sportives de haut niveau.

Statistiques clés

  • 49 % des femmes connaissent le lien entre sport et incontinence urinaire, tandis que 51 % l’ignorent.
  • Seulement 27 % des femmes de moins de 35 ans sont informées de ce lien, contre 58 % chez les femmes de plus de 35 ans.
  • 91 % des femmes sont gênées par les fuites urinaires et la moitié d’entre elles utilisent une protection.
  • 20 % des sportives ont interrompu leur activité à cause de ces problèmes.
  • 80 % des femmes trouvent difficile d’en parler à leur entourage et une femme sur trois éprouve de la difficulté à évoquer le sujet avec son médecin.

Mécanismes de l’incontinence urinaire à l’effort

L’augmentation de la pression abdominale, liée à un déséquilibre (hypo ou hypertonique) dans certains exercices, dépasse les capacités sphinctériennes et la force périnéale, provoquant une pression vers le bas en direction de la fente vaginale. Chez les femmes sportives, une paroi abdominale très tonique peut accentuer cette pression.

Les sports à impact, tels que les sauts ou les activités génératrices d’hyperpressions abdominales, sont souvent responsables de l’incontinence urinaire d’effort (IUE).

Études de référence

  • Nygaard (1994) : Étude sur 156 sportives nullipares (âge moyen : 19,9 ans) révélant que 28 % d’entre elles avaient des fuites urinaires durant l’exercice physique.
  • Elleuch et Lopez (1998) : Sur 105 sportives de haut niveau, 60 % présentaient une IUE, contre 34 % chez les non-sportives.
  • Thyssen (2002) : Étude sur 291 athlètes féminines de haut niveau montrant que 95,5 % avaient des fuites urinaires à l’entraînement.
  • Bo et al. (2011) : 26,3 % des professeurs de fitness, y compris dans des disciplines comme le yoga et le Pilates, présentaient une incontinence urinaire.
  • Fozzati et al. (2012) : 25 % des femmes pratiquant des sports à impact, comme le saut, présentaient une IUE, un taux supérieur à celui observé chez les non-sportives.

Conclusion

L’incontinence urinaire, que ce soit chez les jeunes mamans ou les sportives, ne doit pas être un sujet tabou. Oser en parler est essentiel pour proposer des solutions adaptées, telles que la rééducation périnéale et des ajustements dans la pratique sportive.

Sandrine Galliac Alanbari, kinésithérapeute spécialisée en périnéologie et auteure de Rééducation périnéale féminine (Éd. Dunod).