Introduction à l’électrostimulation en rééducation périnéale
Bien que souvent redoutée par les thérapeutes, l’électrostimulation (ESF) est une technique incontournable en rééducation périnéale. Comprendre son mécanisme et choisir les bons paramètres permet d’obtenir des résultats très intéressants. L’électrostimulation se réalise à travers la paroi vaginale, en utilisant des sondes endovaginales. Toutefois, il est impossible d’avoir accès directement aux plaques motrices des muscles périnéaux.
Mécanisme de l’électrostimulation
Lors d’une stimulation périnéale, le courant traverse le muscle lisse vaginal, se propageant d’une électrode à l’autre en suivant le chemin de moindre résistance. Il dépolarise ainsi l’ensemble du plexus pudendal, provoquant une contraction globale du plancher pelvien. Cela empêche donc une stimulation analytique précise.
Pour garantir une stimulation confortable et sans danger, il est important que les dispositifs délivrent une intensité inférieure à 2 mA/cm², conformément aux normes CE. Le choix des sondes est également essentiel, car elles doivent s’adapter à l’anatomie vaginale, souvent modifiée par les grossesses, chirurgies, ou radiothérapies. Un examen préalable de la patiente est recommandé pour sélectionner la sonde adéquate.
Électrostimulation et contraction musculaire
L’électrothérapie agit par deux mécanismes :
- Prise de conscience de la contraction musculaire : La stimulation du nerf pudendal entraîne une contraction directe du plancher pelvien. Ce muscle est innervé par le nerf pudendal, qui provient des racines nerveuses S1-S3.
- Stimulation réflexe via la moelle épinière : Cette stimulation active le nerf pelvien, entraînant une inhibition réflexe du détrusor, ce qui correspond au réflexe 3 de Mahony.
Réglages pour une électrostimulation optimale
Les paramètres à ajuster pour une électrostimulation efficace incluent :
- Fréquence de l’impulsion : Le nombre d’impulsions électriques par seconde varie en fonction des symptômes à traiter.
- Largeur de l’impulsion : Plus l’impulsion est brève, plus l’intensité devra être élevée pour être efficace.
Limites de l’intensité
L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) interdit de dépasser 50 mA en intensité. Si l’intensité dépasse cette limite, il est recommandé d’augmenter la largeur d’impulsion pour compenser.
Protocoles d’électrostimulation
Activation musculaire
- Fréquence : 20 à 70 Hz (50 Hz en première intention)
- Largeur d’impulsion : 0,2 à 0,5 ms
- Durée : 15 à 20 minutes
Inhibition vésicale
- Fréquence : 1 à 10 Hz
- Largeur d’impulsion : 0,2 à 0,6 ms
- Durée : 20 minutes
Effets antalgiques (cicatrices d’épisiotomie)
- Fréquence : 1 à 10 Hz pour la libération d’endorphines
- Fréquence : 80 Hz pour le contrôle de la douleur (gate control)
- Durée : 10 à 20 minutes
Contre-indications à l’électrostimulation
Contre-indications médicales
- Présence de pacemaker
- Infections urinaires ou vaginales
- Paralysies périnéales (confirmées par EMG)
- Rétentions urinaires importantes
- Pathologies urétrales
- Tumeurs intra-pelviennes
Contre-indications médico-légales
- Grossesse
Contre-indications fonctionnelles
- Hypertonie douloureuse
- Adhérences douloureuses
- Appréhension de la patiente
Problèmes rencontrés lors de l’électrostimulation
Les sensations désagréables peuvent inclure des picotements, des sensations aiguës, ou des brûlures, généralement dues à un mauvais positionnement de la sonde ou à une muqueuse trop sèche.
Présenter l’électrostimulation à la patiente
Le terme « électrostimulation » peut effrayer certaines patientes. Il est important de prendre le temps d’expliquer le procédé et de rassurer la patiente. Le dialogue et la pédagogie permettent de dissiper les craintes. On peut utiliser des termes comme « réveil musculaire » pour décrire la technique.
Le biofeedback en rééducation périnéale
Le biofeedback est une méthode qui permet à la patiente de prendre conscience de fonctions physiologiques via des signaux visuels ou auditifs. L’objectif est de corriger ou de faire acquérir une nouvelle réponse physiologique. En rééducation périnéale, le biofeedback aide la patiente à comprendre et à améliorer sa contraction périnéale.
Avantages du biofeedback
- Recueil précoce des potentiels électriques
- Distinction des types de travail musculaire
Inconvénients du biofeedback
- Risque de saturation des potentiels électriques
- Nécessité d’un certain niveau de force pour le recueil des potentiels manométriques